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Qui se souvient des Hmongs ?

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Qui se souvient des Hmongs ?

Ils ont servi la France pendant la guerre d’Indochine, puis les Etats-Unis pendant le conflit vietnamien. Pour cela, le régime communiste du Laos les persécute depuis plus de trente ans. Il n’est peut-être pas trop tard pour les sauver.

 

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On connaît le drame des Harkis. Hommage leur a été rendu. Tardivement, certes, mais bruyamment. Et c’est tant mieux. En revanche, qui se souvient des Hmongs ? Un peuple de montagnards, pourchassé et exterminé par le gouvernement communiste de la République Populaire Démocratique du Laos. Leur crime ? Avoir servi à nos côtés pendant la guerre d’Indochine. Puis dans l’armée américaine contre les Nord-Vietnamiens. Un conflit terminé depuis 1975. Sauf pour eux, …
Il a fallu le courage de quelques journalistes pour les sortir de l’oubli et rafraîchir nos mémoires. Philip Blenkinsop, Roger Arnold (dont les photos ont été publiées par Le Figaro Magazine, le 30 septembre 2006), Grégoire Deniau (La Guerre secrète au Laos, Envoyé Spécial sur France 2 en 2005) ou Cyril Payen (Laos, la guerre oubliée, aux éditions Robert Laffont 2007), les Hmongs agonisaient dans l’indifférence. Au terme de périples dangereux et clandestins, ils ont rapporté des témoignages éprouvants, accablants. Grâce à eux, un mouvement d’opinion s’est constitué. Une pétition nationale réunit signature sur signature. Elle sera remise prochainement au Président de la République Française.
À l’origine de l’initiative, Rémi Fritsch, qui a créé spécialement l’ONG Urgence Humanitaire Asie. « J’ai été bouleversé par le reportage sur les Hmongs. Voilà des gens qui se sont battus pour nous. La France les a abandonnés après les avoir utilisés. Il faut réparer cette infamie ». 8.500 personnes (et non des moindres puisqu’y figure, entre autres, Geneviève de Galard, surnommée « l’Ange de Diên Biên Phu ») ont déjà paraphé le document. Explication de Rémi Fritsch : « nous demandons au chef de l’Etat d’intervenir, au nom de la France, pour sauver les Hmongs persécutés au Laos et stopper les rapatriements forcés de ceux qui ont fui en Thaïlande ».
En effet, après la défaite et le départ des Américains, 100.000 Hmongs ont poursuivi la lutte armée contre le nouveau régime communiste. Ils n’avaient pas le choix : les vainqueurs voulaient leur peau. Et la veulent toujours, trente après. Traqués par l’armée laotienne (et des conseillers vietnamiens), ils seraient moins de 10.000 aujourd’hui, se terrant dans la forêt, réduits à l’état de chasseurs-cueilleurs nomades. Ils survivent par petits groupes (hommes, femmes, enfants), coupés du monde, sous-équipés, sous-alimentés. Un armement disparate (issue de la guerre du Vietnam), plus de munitions, pas de médicaments. Dautres ont réussi à gagner la Thaïlande voisine. Considérés comme « immigrants économiques », ils ont été parqués plusieurs mois dans le camp de Huay Nam Khao, détruit récemment par un incendie indéterminé. Bangkok vient d’en renvoyer (manu militari) 837 au Laos ; 5.000 autres devraient connaître le même sort. « Ce qui équivaut pour certains d’entre eux à une condamnation à mort », conclut Rémi Fritsch.

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Un peuple qui place la liberté au-dessus de tout.

L‘histoire des Hmongs (aussi appelés Méos ou Miaos) se perd dans la nuit des temps et les confins d’Asie. Le peuple de l’opium. Des guerriers nés, qui placent la liberté au-dessus de tout. Chez eux, la guérilla n’est pas une tactique militaire mais une seconde nature. Pendant la guerre d’Indochine, l’état-major compris au moins cela. Dès 1945 (les Japonais occupaient encore la zone), des commandos français furent parachutés au Laos. Objectif : former des maquis chez les Hmongs. Qui seront utilisées contre Nippons, puis contre le Viêt-minh. Succès total.
Même si leurs opérations de harcèlement et de sabotage ne firent jamais l’objet d’un seul communiqué. Secret Défense.
« On les appelait les seigneurs aux pieds nus », raconte Jean Sassi, figure mythique des Services Spéciaux et Président d’honneur du 11ème choc. Pendant 10 ans, il vécut avec eux. C’est lui qui commandait « l’Opération D » (pour desperado) : fin avril 1954, avec 2.000 Hmongs des maquis « Malo-Servan-Sangsue » et une poignée de Français. Il tenta de porter secours aux assiégés de Diên Biên Phu. Le 7 mai, après une semaine de marche forcée, la colonne parvint aux abords de la cuvette. Trop tard. Diên Biên Phu venait de tomber. « On a quand même pu exfiltrer environ 150 rescapés », précise Jean Sassi. Les Hmongs de « l’Opération D » refusèrent d’être payés en barres d’or, ainsi que le proposait le commandement.
La IVème  République les récompensa à sa manière : quelques semaines plus tard, Jean Sassi reçoit l’ordre d’évacuer et de désarmer. Il refuse, gagne du temps. En profite pour acheminer du matériel : « je les ai armés alors que j’avais ordre de les désarmer ». Jusqu’à ce jour de mars 1955 où l’officier français doit partir, la mort dans l’âme : « les Hmongs n’arrivaient pas à le croire. C’était affreux ».
Après les Français, ils choisiront les Américains. Qui partiront, eux aussi. Mais qui auront l’élégance – minimale – de leur élever un monument commémoratif à Sheboygan (Wisconsin) en 2006. La France, quant à elle, n’a jamais payé sa dette d’honneur. Il est peut-être temps d’y songer. Les Hmongs le méritent bien. Euphémisme.

© Jean-Louis Tremblais, Le Figaro Magazine 05/07/08

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« Ils nous avaient choisi »
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par Pierre Schoendoerffer, cinéaste et écrivain, de l’Institut.

Une piste abrupte, toute droite quels que soient les obstacles, noyés d’une froide brume blafarde et un son étrange, inhumain, qui poigne le cœur. Dans le courant ascendant d’un col se devine une structure fantomatique des grands bambous dressés. Une orgue, une flûte de pan géante dont le vent est l’instrumentiste ; mélopée aléatoire, voix inarticulées, incompréhensibles mais impérieuses des Génies. Un peu plus haut sur la crête, au-dessus des nuages, ils étaient là, debout tout de noir vêtus, avec leurs vieux fusils à poudre noire se chargeant par le canon. Au-dessus de leurs têtes le soleil, à leurs pieds une mer de sombres nuées d’où émergeaient les sommets des « Cent Mille Monts » comme des îles de légende. Ils avaient sauvé l’un des nôtres, rescapé d’une embuscade là en bas dans la vallée, et nous étions venus pour le ramener chez nous. C’est ainsi que j’ai rencontré, il y a plus de cinquante-cinq ans, les Hmongs qu’on appelait alors Méos ou Miaos. Ils nous avaient choisis pour alliés dans cette guerre, de préférence au Viêt-Minh.
Le nôtre, celui qui avait survécu grâce à eux et que nous venions chercher nous mena à une tombe, creusée à flanc, surmontée d’une croix en bois que le vent et la pluie avaient décapée, infléchie à gauche, comme la tête du Christ. Hébergés et nourris dans le village, on avait rempli pour les Génies deux petite coupes de nourriture, on en avait aussi déposé une sur la tombe de notre camarade, puis, l’esprit en paix, on a vidé joyeusement la bouteille de « chum » perpétuellement renouvelée, verre après verre, cul sec, entre hommes. Je ne sais plus ce que nous avons mangé. Sans doute un de leurs cochons noirs, sangliers mal dégrossis que l’on avait vu rôder un carcan au cou pour les empêcher de dévaster les cultures. Outre la bouteille de cet abominable « chum », qui portait encore une étiquette fanée de vin de Bordeaux, il y avait une petite boîte ronde de Vache qui rit contenant encore trois petits triangles de fromage jauni : ultime trace visible de ce fut l’empire colonial français dans cette hutte sur pilotis du haut du bout du monde.
Ces Hmongs étaient aussi les plus joyeux des hommes. Je sais que par la suite, on leur a parachuté un instructeur, un poste-radio et une poignée de fusils Royal Enfield datant de la guerre de 14. Ils ont encore sauvé un certain nombre des nôtres et porté quelques coups pendables au Viêt-Minh, …
Et puis, il y a eu Diên Biên Phu. La fin de notre guerre. On est parti avec honte et rage, les laissant tomber.
Seul notre camarade dans sa tombe est resté avec eux.
Est-il toujours là-haut ?

Plus d’infos : sur le site Urgence Humanitaire Asie www.uhasie.org

Médiatisation & Relations Presse
Sylvie FourcadeRéseau Humacom
tél + 33 (0)1 42 33 26 42 – gsm +33 (0)6 03 05 11 97 – fax +33 (0)1 42 33 44 21

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